Mauvaises Nouvelles, Xavier Fisselier,
Collection eLire | Éditions Numeriklivres |
ISBN : 978-2-89717-344-9
Synopsis
Un rêve étrange. Et puis un huis clos intime, une introspection d’une violence poétique et spirituelle. Un homme perdu entre une existence apparente, l’illusion d’une vie irréelle, rêvée, fantasmée, et qui nous entraîne dans les affres de ses pensées qui semblent se heurter les unes aux autres, rebondir les unes sur les autres, semant un long chemin de doutes, d’angoisses et de solitude. Il n’y a pas de repères, il n’y a pas de jour ou de nuit, à peine un décor autour. Mais un formidable écho à nos propres sensations, questionnements, sur le sens que chacun peut donner à la vie. Un rêve étrange, éveillé. Et puis la réalité, brutale.
Xavier Fisselier, d’une écriture toute en délicatesse, nous emporte d’une façon magistrale dans un tourbillon dans lequel on est comme prisonnier. La délivrance arrive à la toute fin. On en sort différents.
- Librairie Immatériel.fr,
- ePagine,
- iBookStore ,
- Kindle,
- Fnac.fr,
- Kobo.
– 21 Octobre 2012 – Entretien avec Anita Berchenko, editions Numeriklivres sur les Mauvaises Nouvelles. Paroles d’auteur : « Mon regard désabusé sur le monde…»
Vous rejoignez la collection e-LIRE de Numeriklivres avec « Mauvaises Nouvelles », un roman dont on peut dire qu’il est assez introspectif. Tout d’abord, on aimerait que vous vous présentiez, en nous parlant de votre parcours d’écrivain, de votre rapport à l’écriture et à la littérature.
Avant de me présenter, j’aimerais vous remercier. Vous remercier de votre lecture des Mauvaises Nouvelles et vous remercier de m’accueillir dans votre maison. Se présenter est un exercice qui me semble toujours un peu compliqué… Répondre à la question « Qui suis-je ? » m’est presque douloureux. Cette interrogation est sans doute aussi à l’origine de mes textes. Nantais d’origine, je vis en Espagne depuis la fin de mes études. Madrid, Bilbao, puis Barcelone depuis l’an 2000. Mon travail consiste à allier l’esthétique, l’architecture et le graphisme dans de nouveaux espaces de vie en accompagnement avec des architectes, des jeunes créateurs et des designers. J’ai la chance de participer à la création de projets qui m’amènent à voyager régulièrement de par le monde.
J’écris, je note, je brouillonne depuis mon adolescence, depuis que j’ai saisi l’enjeu et l’importance de ces auteurs, écrivains, poètes, dans le déroulement de ma vie et de la vie des autres. J’aimerais pouvoir dire, sans aucune prétention, que mon écriture est un simple écho à ces lectures, à l’observation du monde qui m’entoure. Lire-écrire, écrire-lire, comme une correspondance discrète, anonyme. Et puis, l’écriture comme objet de création. Avant la ligne déposée sur ce papier, il n’y avait rien, puis elle est apparue… le processus de création, de rien à presque quelque chose.
Le narrateur de votre roman, qui nous livre des réflexions philosophiques, non dénuées d’une poésie qui magnifie son monologue, mais aussi des sensations plus brutes, presque animales, apparaît comme désabusé, perdu. Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de Mauvaises Nouvelles ? Portez-vous vous aussi un regard désabusé sur le monde ?
Le narrateur m’est apparu spontanément, juste après le premier paragraphe qui débute ce texte. Je souhaitais un être presque désincarné. Seul. Qu’il puisse être anonyme, fantomatique, à la frontière du réel même si parfois on le sent souffrir dans sa chair. Vous savez, comme ces petites voix qui vous rappellent à l’ordre ou vous donnent des conseils. Ce personnage qui vous accompagne dans votre réflexion. Je crois qu’il a vite pris le dessus sur moi et s’est exprimé naturellement, comme cela lui a plu. Nous nous sommes guidés tout au long de cette aventure. J’ai seulement voulu l’écouter attentivement, et le « raccrocher » dans cet espace qui m’obsédait, que je craignais peut-être un peu aussi.
Mon regard désabusé sur le monde… oui, c’est certain. Seulement une forme de recul, un léger éloignement, décalage pour essayer de mieux saisir l’instant qui préoccupe. Se situer dans un temps, un espace pour essayer de faire croire qu’ils existent, le temps et l’espace.
Tout le roman se déroule dans un huis clos qui peut paraître étouffant, mais votre écriture semble s’envoler et ouvrir l’espace dans lequel s’agitent les pensées du narrateur. Comment écrivez-vous, avez-vous besoin aussi d’un espace clos pour laisser vos mots s’affranchir de l’espace, ou n’avez-vous aucune contrainte d’écriture ?
Vous ne pouviez pas me faire plus plaisir en me disant cela.
Oui, j’aime le huis clos. Un individu, un lieu unique. Et puis, que se passe-t-il ? Peut-on échapper un peu à soi ? Ne vivons-nous pas dans un huis clos personnel, au centre d’un spectacle que l’on ne comprend pas tout à fait ? C’est cette réflexion qui a pris place, petit à petit. Mes lectures du moment, mes échanges avec les personnes que j’aime et je côtoie. Je pensais aussi à ces ermites qui arrivent à s’extraire du monde qui les entoure, comme si de rien n’était. Je souhaitais sentir cet enfermement qui ouvre aussi de nouveaux espaces de découverte. Mes seules contraintes d’écriture sont moi-même et ma relation à l’autre. Ce sont de sacrées contraintes, vous ne trouvez pas ? J’aimerais oser, apprendre à oser. C’est pour moi une manière de relier le rêve à la réalité. Je n’en connais pas la frontière exacte, je souhaite seulement m’en approcher.
Vous jouez avec les mots Aime et Haine (M et N). Diriez-vous que ces deux mots définissent l’humain ?
J’en ai peur. Je nous trouve si surprenants les humains, pour ne pas dire décevants (moi le premier). D’ailleurs, pendant très longtemps j’ai appelé ce textes les MN… MN = Mauvaises Nouvelles = Aime & Haine.
Et pour conclure, quels sont vos projets à venir en terme d’écriture ?
J’aimerais continuer à apprendre à écrire, écrire encore et encore plus. J’ai de nombreux textes que je voudrais continuer. Ne pas cesser, même si de temps à autre, l’exercice de l’écriture est toujours périlleux. J’aimerais travailler les mots, les phrases pour être au plus près des perceptions que je ressens. Avoir une écriture plus fine, plus juste, plus précise. Je suis loin d’avoir fait le tour des questions qui me tarabustent. Oserai-je poursuivre ? Je ne sais pas…
Propos recueillis par Anita Berchenko
– 6 novembre 2012 – Critique sur La Bauge littéraire
Mauvaises nouvelles, voici un titre qui fait réfléchir. Parce qu’on aimerait savoir quelles sont au juste ces mauvaises nouvelles. Celles qui, jour après jour, nous arrivent d’un peu partout dans le monde, que ce soit depuis la côte orientale des États-Unis ravagée par Sandy ou depuis l’Orient où les gens s’entre-déchirent en Syrie ? Ou est-ce qu’il s’agirait d’une allusion à ce genre littéraire apparemment mal aimé par les éditeurs français ? Allons voir ça de plus près.
Le texte en question vient de paraître aux Éditions Numériklivres, dans la collection e-lire dirigée par Anita Berchenko. Collection dont nous connaissons déjà toute la valeur après avoir lu les contributions d’Audrey Betsch, La Pile du Pont et de Jeff Balek, Lisa. Deux textes de très bonne qualité dont le mérite littéraire fait briller la collection entière. Ce qui, d’un côté, lui assure une notoriété certaine, tout en relevant, de l’autre, la barre au-dessus de laquelle doivent passer les nouveaux-venus. Exercice, on le conçoit, pas toujours facile.
Le texte de Xavier Fisselier est d’un genre tout à fait différent que ceux des deux auteurs cités. C’est de la prose, certes, mais c’est à peu près le seul point commun entre un roman assez traditionnel comme celui de Mme Betsch, la nouvelle onirique, toute en douceur de M. Balek, et le monologue sans fin qui remplit – et charrie – les Mauvaises Nouvelles.
Vous avez bien compris, « sans fin », et ce malgré sa taille assez réduite. Parce que c’est un texte qui se mord dans la queue, qui tient en haleine, non pas à la manière des coureurs qui arrivent en fin de parcours, mais à celle des ânes ou des vaches qu’on fait tourner en rond pour moudre le grain ou pour faire monter l’eau dans les puits. Une activité qui n’a pas de fin ni de limites et dont on ne sort que par cette porte qu’on ne franchit qu’une seule fois. Une image d’ailleurs particulièrement bien adaptée à ce texte, parce que l’univers qu’on y découvre, à travers la plongée au fond des pensées embrouillées du narrateur, est particulièrement aride. Rarement, une couverture a été mieux choisie pour accompagner un texte que celle du volume en question, inspirée par une photo de Louise Imagine.
Le narrateur en est d’ailleurs conscient, de son périple qui ne le mène nulle part, et ce depuis les premières phrases :
Chaque matin est identique au matin précédent. Je crois. Je ne me souviens jamais de rien. Les jours s’enchainent et je ne sais pas pourquoi, je n’en comprends pas le sens.
Les jours s’enchaînent, et le narrateur se réveille, chaque jour, enfermé dans un huis-clos dont les issues sont condamnées depuis toujours, au point qu’on se demande si celles-ci ont jamais existé. Le maître-mot y est la solitude. La solitude et l’insignifiance de l’état où on se trouve. Je dis bien état, parce qu’on ne saurait dire s’il s’agit de vie ou de mort, d’absence ou de présence. La seule certitude, c’est celle d’entendre le tic tac de l’horloge, de voir le jour passer, assis à la table dont on se lève uniquement pour aller dans la salle de bain pour y contempler le spectacle de sa propre nudité et des gouttes d’eau qui s’écrasent, au même rythme toujours, contre l’émail de l’évier.
Tout ce texte est une longue et lente réflexion sur l’être et le non-être, à la mesure des jours qui se ressemblent, qui s’ouvrent sur un coup de revolver et qui se terminent par le sommeil qui, malheureusement, n’est pas éternel. Un texte difficile à digérer, dont émane une fatigue de plomb qu’il faut combattre pour éviter que les paupières ne se ferment, que las vision ne s’embrouille. Un texte visqueux qui s’étire, aux lettres imprégnées d’ennui qui pénètre insidieusement dans le monde de ce coté-ci de l’écran, et on se surprend à lorgner l’armoire qui contient les bouteilles pour suivre l’exemple du narrateur :
Seule la brûlure ardente de l’alcool fort qui s’écoule et se plaque le long de ma gorge parvient à ressusciter mes sens et mes émotions.
Je n’ai pas vraiment aimé ce texte, où rien ne se passe, ou presque, et où les réflexions semblent ralentir, voire anéantir, la vie. Mais, après tout, quelle importance ? Parce que, même si je n’ai pas aimé, je l’ai relu par deux fois. Et j’ai interrompu la lecture pour relire des paragraphes dont le sens m’échappaient. Qui n’ont peut-être pas de sens, d’ailleurs. La lecture des Mauvaises Nouvelles me laisse déconcerté, avec un sentiment de solitude devant ces lettres dont je n’arrive pas à percer le secret. Qui n’établissent aucune complicité entre moi et le narrateur ou encore l’auteur. C’est ça, la mauvaise nouvelle ? À moins que ce soit celle qui s’adresse au narrateur qui, malgré sa volonté d’en finir, constate, chaque matin, qu’il se réveille, encore une fois.
Publié le 6 novembre 2012 par tomppa28
la lecture de Mauvaises Nouvelles serait un processus particulier – car on s’imprègne du monde émotionnel très vulnérable et fragile mais riches en émotions et contradictions, surtout opposé à la réalité-épreuve…
J’aimeJ’aime