Puis il s’arrêta lentement d’écrivailler lorsqu’il comprit, somme toute tardivement, qu’il ne s’adressait qu’à lui seul. Fate considération de soi, qu’il bafouait par sa présence au monde. Ses efforts étaient vains. De trop lire, il avait succombé à la prétention, réservée aux plus faibles, de s’essayer à écrire. Son imagination l’avait enjôlé. Elle l’avait orné d’un costume d’apparat, comme l’on dresse une précieuse table à l’occasion d’une faste réception, avec soin et délicatesse. Elle ne lui avait livré aucune trame d’un début d’historiette. Son imagination avait seulement exacerbé une bien triste et grotesque effigie de ce qu’il ne serait jamais, image bien éloignée de sa commune réalité. Orgueilleuse vanité, qu’il revêtait chaque matin. Il s’obstinait à vouloir briller par de vils subterfuges, mais lorsqu’il sut lire sincèrement ceux et celles qu’il avait admirés et qu’il vénérait encore, il finit par comprendre son écrasante déconvenue. Son ombre s’effrita d’elle même, s’estompa in extenso. Parviendrait-il à atteindre le soulagement d’être simplement honnête avec lui-même et les chimères auxquelles il avait insufflé un embryon de vie?
Sa paresseuse désagrégation le rapprochait inéluctablement de son essence ignorée. L’acceptait-il véritablement?
Grand merci pour ce billet 🙂
J’aimeJ’aime