J’en profite pour ouvrir mon paquet de cigarettes. Je constate qu’il n’en reste que quatre. La sensation de manque m’envahit déjà. Ce n’est pas grave mais désagréable seulement. Que dois-je faire? Attendre un peu plus pour allumer cette cigarette? Envisager de sortir pour acheter une une cartouche? Je décide d’allumer un clope. Je peux encore repousser trois fois le moment de sortir dehors. Dehors ne m’attire pas, pas aujourd’hui, hier non plus d’ailleurs. Je vais attendre. Je vais fumer très lentement. Le plus lentement possible. Je dois essayer de ne penser qu’à cela. À rien d’autre. Néanmoins, je sais que je préfère fumer ma cigarette avec un café. Mais je n’ai plus le temps. Une cigarette se consume trop vite, comme une vie. Je les allume toujours trop tôt, sans penser, sans réfléchir. Je dois oublier cette envie de café et ne penser qu’au plaisir de fumer. Mais je n’y parviens pas. Cela m’angoisse. Je n’aime pas angoisser. Faire le vide, encore une fois. Je veux que les choses soient simples. Les faire une par une. Elle se consume toujours. La cendre s’approche du filtre. J’inhale doucement, mais je vois que cela se termine déjà. Déjà? Je ne me rappelle pas des premières bouffées. Ce n’est sans doute pas important et je ne dois pas y réfléchir. Maintenant, je fume alors je dois m’interdire de penser. Sinon, je fume et je pense, et je n’aime pas faire deux choses à la fois, je n’en suis pas capable. La dernière taffe bien qu’un peu amère me donne tout de même du plaisir. Je ne veux pas écraser mon mégot. Que vais-je faire après? Je perçois de nouveau le son de la radio. Finalement, je ne suis pas si seul. Comme d’habitude j’écrase mal le bout de mon mégot. La fumée s’évapore du cendrier. Ça me gêne, la cigarette n’a pas besoin de moi pour fumer. Les volutes me piquent les yeux. Une larme d’irritation se forme. Je la laisse couler, descendre le long de ma joue. Ce n’est pas désagréable. Je dois prévoir d’essuyer cette trace avant de sortir aller acheter du tabac. Je veux bien que l’on pense que je pleure; mais une larme, ce n’est pas pleurer. C’est beau une larme, c’est un peu le coeur en sueur. C’est sa manière de dire j’existe, de prouver que battre n’est pas sa seule condition, sa seule fonction. Je pense souvent qu’une larme est le parfum de l’âme, l’essence concentrée de l’âme. La fumée de mon mégot s’arrête. Je dois faire quelque chose. Je dois m’arrêter de ne rien faire pour réfléchir à ce que je vais faire aujourd’hui. Peut-être comme hier. Cela ne me rassure pas de savoir qu’aujourd’hui je peux faire la même chose qu’hier. Cependant, je doute d’avoir envie de cela. C’est tout de même plus simple si je me contente de ne pas changer d’activité quotidienne. Sinon, je peux ne pas savoir faire ce que je vais me proposer. Et puis, je n’ai pas d’idées originales. Le plus simple est de ne rien faire mais je ne sais pas le faire non plus. Je réfléchis. Je dois réussir à avoir envie. Je regarde l’horloge sur le mur qui me fait face.
à suivre… mn (III)
Retrouver le goût d’avoir envie et les volutes bleues de l’âme qui s’échappent du cendrier n’aident pas…
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Merci arf pour ton passage par ici et tes traces laissées au fil des billets. Je suis si heureux de les lire… merci. .)
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merci .. très évocateur .. la suite demain je suppose
amitiés
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Muchas gracias Juan Carlos, merci de ce commentaire qui me comble. amitiés à toi et bientôt la suite… Un abrazo. .)
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