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Je courrai si vite, si loin que même le vent ne me rattrapera pas . Je courrai si vite que le paysage ne sera plus qu’un étirement de lignes autour de moi , une image brouillée , une trace infinie. J’irai si loin. Je ne serai plus qu’une course folle. J’arriverai tout au bout de ma course, il le faut. Ne pas tomber . J’apprendrai alors à rallumer les étoiles. Je retrouverai les histoires, les malices et les sourires des enfants. Les enfants sourient peu souvent . Leurs lèvres empressées d’un bonheur soudain et joyeux laissent tout de suite éclater le rire. N’y a t-il rien pour les enfants entre leurs mines apeurées et leur rires bruyants ? Je courrai si vite vers la mer, là où il faut consentir au mouvement incessant de son va et vient, être comblé puis abandonné. Ce battement qui rythmait les peurs et les joies de l’enfant, le regard perdu dans l’infini du lieu et du temps. Là, pas là.

Un espace dénudé, sans autres ombres que celles des nuages projetées par le soleil dissimulé. Je courrai sur les sables secs ou mouillés, je m’y laisserai tomber à nouveau et les grains de sable et le chaud sur la peau attesteront encore : être au monde. Les grains et le chaud caressant ou mordant jusqu’au profond de la chair qui vivait du même battement que la mer. Une course effrénée, les yeux éperdus comme des papillons en pleurs ; la poitrine se soulève jusqu’à son point d’attente , une mer disparue , une suspension d’avant le retour , puis une expiration . La mer a toujours fait battre mon coeur et mon corps au rythme de ses retraits et de ses retours, au rythme de ses abandons et de son immensité revenue. Elle bat encore en moi, de tout mon être, et je bats la mesure avec elle, mon tempo de vivant .

Je bats le temps perdu, celui qui court après moi et me défait , qui me tourmente et creuse d’autres vides, dans la peau et dans le coeur. Je courrai si vite parce qu’il n’a pas pu tout emporter.

Puis je mourrai d’un oeil seulement et de l’autre je regarderai la mer s’échouer inlassablement à mes pieds. Je guetterai je ne sais quel retour impossible , je ne l’ai jamais su mais le guetter m’apaise. Mon attente s’enracine ici, les pieds enfoncés dans ces grains, et sous le sable, les peurs enfouies des enfants et leurs trésors cachés. Qui donc nous abandonne sur le littoral pour que toute une vie ne suffise pas à attendre et l ‘épaisseur d’une angoisse sans fin, qui ?

Je courrai si vite que même toi tu ne me rattraperas pas, toi qui court une autre course que la mienne , qui t’épuises à chercher un chemin à toi seul ouvert .

Toi, cet enfant que je tiens précieusement au bout d’un fil sans fin, comme un cerf volant , envole toi dans le vent et ne me reviens pas même si je t’attends. Poursuis ta course folle et surtout ne tombe pas. Je veux juste que tu voles aussi haut que tu veux, aussi loin que tu peux . Je tiens à toi par un fil si long que tu ne me verras pas, et mon regard t’aura perdu. Je déroulerai le fil autant qu’il le faudra pour que ton vol t’emporte jusqu’à ce que tu ne sois plus qu’un point dérivant au milieu des nuages, au milieu de tes rêves.

Et je courrai, oui, jusqu’au bord pour voir encore les châteaux de sable décorés, puis emportés sous les yeux des enfants.

Je courrai si vite tous les kilomètres qu’il me reste à aimer .

Heureux de retrouver à nouveau vos mots ici allerarome, et merci à vous de m’acceuillir sur votre litorral.

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